Simon Wheatcroft est un coureur de marathon pas comme les autres. En effet, il est aveugle mais cela ne se voit pas 😉

Vous savez que je suis passionnée de sport mais également de toutes les dimensions que cela comporte. La pédagogie en est une qui m’anime particulièrement.

Cette vidéo de Simon Whetcroft, sponsorisé par Asics, est pleine de messages qui me tiennent à coeur. C’est pourquoi un article s’imposait. Mais voyons plus en détails « le pourquoi du comment ? ». Je vous laisse regarder la vidéo et vous en parle après…
 

 

Pourquoi cet article ?

J’ai eu l’occasion, en télémark, en ski de fond, ski de piste, spéléo ainsi qu’en escalade, de guider des aveugles et j’ai trouvé cette expérience extraordinaire (d’où cet article).

Cela m’a vraiment fait prendre conscience que nous, voyants, nous n’utilisions presque pas notre sens kinesthésique (sensations internes, sensation de mouvement des parties du corps) contrairement à un mal ou non-voyant et qu’il serait grand temps d’intégrer ça de manière plus fréquente dans mes cours.

La vue ?

Le nouveau-né, lui, ne distingue que des couleurs et des formes vagues. La vue est le sens le moins développé à la naissance. Elle s’affine vite, mais se dégrade souvent rapidement. Nous savons que « la vue » est le sens le plus utilisé, mais aussi celui qui est le plus facilement remplaçable par les autres. Et ça, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde 😉 !

La vue est donc le sens les plus utilisé chez les voyants, mais avez-vous déjà essayé de vous mettre sur un pied et de fermer les yeux… Déséquilibrant, non ?

Tout s’explique puisque la vue est liée à l’oreille interne et que cette dernière joue un rôle important dans l’équilibre. En effet, la vue (et plus précisément l’information rétinienne) donne des informations à la fois sur la position et sur le mouvement du corps dans l’espace. Ceci se fait grâce à la rétine.

La vision fovéale transmet une information fondamentale pour l’équilibre. Cette vision fovéale sert à l’identification des objets et donne la direction du regard par rapport à la position de la tête et du corps.

La vision périphérique, quant à elle, donne des informations sur l’orientation du sujet par rapport à son environnement. Elle transmet des informations relatives au mouvement de l’environnement par rapport à la rétine et c’est donc un type de vision particulièrement impliquée dans l’équilibre dynamique.

Il existe donc d’étroites relations entre le système vestibulaire et le système visuel.

Voyants et non-voyants

Nous savons que la majorité de nos informations (60 % ) nous vient par la vue. Imaginez-vous une diminution… Il y aurait perturbation du mode de relation avec l’extérieur. Regarder la télévision, lire, choisir ses vêtements, percevoir ce qui se passe autour de soi, reconnaître le visage de ses proches,… toutes ces situations habituelles deviendraient problématiques.

Une personne devenant malvoyante doit apprendre à entretenir les images mentales intérieures pour se souvenir des sensations passées : les enfants, les gens, la ville, les arbres… Il faudra donc permettre aux autres sens de compenser l’absent.

Le voyant, lui, ne pourrait-il pas mettre en place d’autres repères et utiliser encore plus son imagination en se mettant à la place du non-voyant ? Pourquoi ne pas entraîner nos autres autres sens et faire du « sport sans vision » ? La vue, c’est trop facile 😉 !

Faire sentir, faire ressentir, bander les yeux des voyants pour qu’ils s’écoutent plus, ressentent plus de choses internes en vue de gagner en équilibre, de progresser plus vite ou tout simplement de se connaître mieux mais aussi, et surtout, pour se faire plaisir !

Pourquoi faire du sport sans vision ? 

Pédagogiquement parlant, il est très intéressant de travailler les yeux bandés :

  • D’une part, car cela fait travailler le kinesthésique, sens que l’on oublie trop souvent mais qui est essentiel (lié à l’équilibre, au tonus,…).
  • D’autre part, parce que cela permet au groupe ou au couple « guideur-aveugle » de communiquer, de parler et d’essayer d’être en phase, de se comprendre, d’adopter une attitude empathique, d’écoute de l’autre.
  • Aussi, cela permet de faire confiance en l’autre. Le couple ne fonctionnera pas s’il n’y a pas de dialogue, de synergie ou autre entente. Le but est de travailler en équipe, main dans la main, épaule contre épaule.
  • Cela permet de travailler la responsabilité et à certains âges, il est primordial de tenir compte de ce paramètre !
Pour toutes ces raisons, j’utilise souvent la méthode « yeux bandés ».
Faire du sport de cette manière est très enrichissant, aussi bien pour l’éducateur que pour le participant. Les retours ont toujours été très positifs et motivants. Impressionnant ce qu’on peut faire ou faire faire sans la vue.

 

Faire passer des valeurs, transmettre des choses simples de la vie de tous les jours, arriver à faire prendre confiance aux gens, retrouver un dialogue, être empathique, s’entraider, être solidaire,…

 

Mais aussi, apprendre à mieux se connaître, trouver des mots, s’écouter, se manager, manager, guider, comprendre, réfléchir au pourquoi, progresser, puiser au plus profond de soi pour explorer, trouver et briser ses limites, se sentir libre, vivre,…

 

Voila, entre autres, tout ce que peut apporter le « sport sans vision » 😉

Conclusion

Asics a fait fort avec cette vidéo de Simon Wheatcroft !
Elle est porteuse de valeurs Humaines qu’il serait bon de partager plus souvent ;-). Les sports de nature, la course, ne se limitent donc pas à un simple exercice sportif…
 
Et si nous essayions de vivre un instant les yeux bandés pour mieux se connaître, expérimenter et vivre une vie plus sensorielle ?
Cela ne pourra être que bénéfique dans nos différents sports d’une part, mais également dans notre vie de tous les jours, non ?
 
Aller on s’la regarde encore un ‘tit coup 😉
 

 

Et vous, avez-vous déjà essayé de pratiquer un sport les yeux bandés avec un guide ?

Que pensez-vous de tout ça ?

 

Partagez votre avis dans les commentaires 

 

Recherches populaires :